Je ne vais pas pleurer

Voilà. Ton putain de problème d'image qui ressurgit. Tu ne sais pas conjuguer au présent, tu te poses des questions inutiles sur ce qui n'est plus, ne sera jamais, n'a jamais été. Je suis là à te voir boire, à t'écouter parler, jouer, à tenter de te retenir dans mon monde.. Je suis là à constater que la soirée se terminera exactement comme tu souhaites qu'elle se termine.
Tu t'es obstiné.
Pendant cette soirée, celle où tu as réuni tes amis, des témoins de ta vie d'avant, de ton pseudo amour inconsolable, tu n'as eu de cesse que de me défier, de vouloir rivaliser, de m'imiter.
Je ne suis pas entrée dans ce jeu. Du coup, tu m'évinces en me provoquant. Je m'écarte donc, je te laisse profiter du reste de ta soirée.
Après le soleil des derniers jours, l'orage s'annonce. L'atmosphère est lourde, pesante. Mon corps est fatigué, mon esprit fuit. Je n'ai pas envie de discussion, de dispute, de réglement de compte.
Je n'ai envie que de dormir.

1.22..

Ainsi, nous avons continué notre route ensemble. J'ai tu mes doutes, apaisé ma colère, choisi de lui faire confiance. Il a promis, sait qu'il n'y aura pas d'autre chance.
Nous sommes heureux depuis et allons vivre ensemble très vite.

Le spectre ne s'est pas éloigné pour autant. Il faut redoubler de vigilance, être attentif. Je vois parfois les voiles noirs couvrir ma lumière. Commence alors une lutte pour l'espoir.

Hier, il a organisé une petite soirée entre amis. Je ne suis pas restée jusqu'au bout, lassée des conversations et étouffée par la fumée des cigarettes. Je me suis levée ce matin un peu agacée par le désordre.
Il dort pour récupérer de son coucher tardif. J'entends le train au loin, les bruits familiers de l'immeuble, j'aperçois un rayon de soleil à travers les persiennes.

Et, d'un coup, je me sens seule.

Voilà, je suis seule au milieu du salon new-yorkais, les oreilles encore pleines de ses méchancetés, ses mots qu'il a jeté pour me blesser, attendant un moment de relâchement.

J'ai de la passion dans les veines, elle m'envahit parfois comme une colère, un poison qui me fait regretter certaines bassesses humaines, certaines attitudes, ce manque de noblesse odieux. Je me sens seule comme souvent, en décalage des mesquineries, des mensonges, de ces petits accommodements qu'ils font pour rendre leur vie.. vivable.
Je n'ai que faire de vos échanges sordides, de vos baises virtuelles, de vos sourires de convenance. Je vous déteste.

Je vaux autre chose, je suis autre chose, je vis dans un monde à part. Je ne veux pas de vous. Quand j'en aurais assez, j'y resterais. Pour toujours.

Ainsi tu n'as pas su.
Dommage, l'endurance est une qualité.

Finalement, la cour est trop grande. Tu veux la facilité, les aventures d'un soir, celles qui ne te demandent aucun effort, aucun investissement. Tu veux rêver et fantasmer. Tu ne veux pas du quotidien, de la vie à deux. De cette vie là, non, je ne veux pas non plus.

La vie ce n'est pas cela, l'amour et la passion encore moins. Je n'ai que faire de tes explications. Cette fois, c'est moi qui part. Sans retour.

Je ne vais pas encore perdre n'est-ce-pas ? Je ne vais pas encore enterrer un corps et me dire qu'il faudra bien continuer la route ? Quand elle m'a appelée pour me dire que sa chimio commençait dans un mois, j'ai compté. Le temps qu'il reste.

J'ai envie de hurler, de rappeler ceux qui sont partis. Je ne veux pas, je ne peux plus.

Hier, il a roulé un joint. J'ai fumé, j'ai tiré pour inonder mes poumons, pour oublier. J'ai vu danser des fleurs sur le plafond et je me suis noyée dans une mer orange. Je l'ai senti près de moi, attentif et doux.

Il reste à se battre. Ma vie n'est qu'un combat, une lutte à mort. Contre la montre, contre la mort.

Je n'aime pas cette vie, je ne m'y sens pas bien, j'étouffe. Ce n'est pas la vie à deux qui me déplait, c'est l'absence d'échange, l'indifférence parfois, l'oubli. Qu'il vienne de lui ou de moi. Les tentatives de conversation avortent sitôt entamées. L'agressivité, la défensive, je ne suis pas en guerre. Je n'ai pas entamé de combat.

Il ne s'agit que d'un passage, un "entre-deux", un intermède, une pause dans le désir et la passion. Je n'ai que faire de ce quotidien qui me lasse et m'ennuie. Je veux le retrouver. Je ne l'aime plus ainsi.

Mais il se cherche, se pose mille questions et oublie de vivre. Il gouverne son armée et chacun se plie à sa volonté de peur de l'affronter et de subir sa colère. Je n'ai pas peur. Je sais me défendre. Je mettrais en ordre mes bataillons, je monterais la herse, je fourbirais mes armes si nécessaire. Je n'ai pas peur. Même pas de le perdre.

"Vous n'avez pas les os en verre, vous pouvez vous cogner à la vie." R. Dufayel

Cogne-toi mon amour sinon c'est elle qui cognera.

Je vais bien, je sens la force couler dans mes veines, chaude, violente, vivante.

J'ai réfléchi à tout, à cette histoire, aux difficultés, à ses doutes, à mes certitudes. Aujourd'hui parce que demain est incertain. Je veux profiter de l'instant.

"Tu veux me soir sourire, je vais sourire. Tu veux me voir pleurer, je pleurs. Tu veux que je danse, regarde moi danser. Tu penses que je suis nue, je n'ai jamais été aussi habillée.
Personne n'entre dans mon esprit, il n'y a pas d'invitation."  - Déjà mort -

Profiter.

Quinze petits jours et tes vieux démons refont surface. J'ai peur m'as-tu écrit, peur du quotidien, de l'enfermement d'une relation à deux, peur de ne pouvoir assouvir mes fantasmes, donner vie à mes désirs, peur de devoir partager quand j'ai envie d'être seul.

Je t'ai menti. Je t'ai dit "moi aussi j'ai peur" mais ce n'est pas vrai. Je n'ai pas peur. Je n'ai pas de quotidien, que des moments, je ne me sens jamais enfermée pourtant les chaînes semblaient solides, je vis mes fantasmes et ne les rêve plus, je donne vie à mes désirs, je suis seule dans ma tête, depuis toujours.

Quand je songe à tout cela, j'écoute La Callas dans la Norma et mon coeur se fend en deux. Sa voix monte, mon souffle se précipite, je sens la rage qui coule dans mes veines.
Cette force qui me pousse et me poussera.

Même pas peur.

Voilà, nous commençons l'année comme nous l'avons terminée. Ensemble.
Qu'elle nous soit douce et belle, amoureuse et fidèle. Le temps qu'il faudra.

L'année fut belle et rude, une année de remise en question, de bouleversement, de changement. Une année où ma vie a basculé, où ce que j'avais construit s'est fissuré pour laisser place à d'autres émotions, d'autres sensations.

Il aura fallu de la volonté, de la patience, de la réserve pour franchir chaque étape et ne pas me blesser aux arêtes tranchantes des coups du sort. Il aura fallu que j'écoute, que je comprenne, que je patiente pour ne pas renoncer.

ll faudra sans doute encore parfois s'écorcher et se soigner pour que vive l'histoire. Les instants valaient la peine et aujourd'hui est plein de promesses. Reste demain. Oublier les malentendus et les doutes, oublier ses propres démons, ses incertitudes, oublier ce qui a fait mal, ignorer ce qui fera mal.

Le chemin est encore long. L'an neuf promet encore des surprises. Mais nous en sommes tous là.